Compte-rendu du voyage du 1° novembre au 30 Novembre 2019
Nous sommes partis à trois : Monique Maritaz, Roland et Marie-Paule
Nous avons été accueillis à l’aéroport comme d’habitude, par Fatou Lo
Après une installation sommaire, nous sommes partis en brousse pour suivre nos projets. Durant le mois, nous y sommes allés 3 fois 4 jours.
Keur Sountou
Commune de Porokhane, à quelques km de la Gambie
Une bonne nouvelle : M. Ly, qui avait été invité chez nous il y a deux ans et qui s’était vu refuser son visa car célibataire à l’époque, s’est récemment marié ! Félicitations aux jeunes mariés .
La rentrée scolaire a eu lieu début octobre et actuellement c’est l’heure des récoltes d’arachides, de maïs et de mils. Ces seules dans l’année vont permettre quelques rentrées financières .Les enfants sont très sollicités pour ces travaux des champs et passent leur journée à récolter. L’absentéisme scolaire est lourd. Mais cela nous rappelle les récoltes, dans nos milieux ruraux, il y a quelques années en arrière, où parfois, faute de main d’œuvre, il fallait faire appel aux enfants pour aider les familles, dans les champs, dans les vignes.
Quelques élèves sont venus augmenter l’effectif car l’école de Mbapp, village voisin, a fermé une classe.
Beaucoup d’enseignants, aussi, durant cette période, sont en formation pour renouveler leurs acquis. Chaque année ils sont appelés à changer de niveau de classe et donc avoir une formation nouvelle. On se rappelle, devant cette formation continue que, certain (e) enseignant (e) en France ont pratiqué un niveau de classe du début à la fin de leur carrière sans remettre leur niveau de connaissance à jour.
Nous ne verrons donc pas le directeur durant nos deux premiers voyages. Nous le rencontrons la dernière semaine. Les échanges sont très positifs. Merci à lui d’être entré dans le projet de Kauri, ce qui n’était pas acquis car c’est assez compliqué.
Tout est prêt semble-t-il pour décembre avec une stabilité de l’équipe pédagogique, motivée pour continuer.
Les résultats scolaires des élèves sont encourageants car ils dépassent les 50%. Nous attendons cependant qu’ils atteignent les 60 %. Le certificat de Fin d’Etudes Elémentaire (CFEE) est plus difficile que l’entrée en 6°
Le jardin autour du puits n’a pas encore été ensemencé, le poulailler est vide ainsi que la boulangerie.
Les arbres donnent une belle ombre dans la cour qui est utilisée pour le sport.
La maison des enseignants est habitée cette année par 3 maîtres et par le maître d’Arabe. La location est toujours affectée à la cantine scolaire qui est gérée par M. Ly.
Nous découvrons que le four à pain a perdu son toit durant l’hivernage (saison des pluies qui durent 3 mois de juillet à août). Un devis de réparation nous a été remis et nous en discuterons à L’AG du 18 janvier 2020.
Les deux postes de santé sont bien tenus. Merci à Mesdames l’infirmière et la Sage-femme ! Nous y trouvons toujours de nombreux patients qui attendent les soins.
Nous distribuons les médicaments offerts par les adhérents de Kauri après en avoir dressé la liste Ces médicaments (sans ordonnance) sont revendus à la population. La moitié de la vente est reversée à la cantine scolaire.
Poste de santé
Les médicaments qui nécessitent une ordonnance sont laissés à l’hôpital de Nioro du Rip. Cette année les sondes urinaires, les aiguilles, les cathéters et autres médicaments ont été beaucoup appréciés. La médecin chef adjointe nous demande d’en faire l’inventaire. Ils serviront à la population la plus démunie. Merci encore à celles et ceux qui nous ont donné ces produits, parfois introuvables au Sénégal. Nous apporterons les montures de lunettes au prochain voyage car nous n’avions plus de place.
Chaque élève et enseignant reçoit aussi une dose de vermifuge comme à chacun de nos voyages. C’est un bien être apprécié.
Le puits est utilisé pour l’arrosage des cultures maraîchères. Ces dernières n’ont pas encore été plantées.
Nous renouvelons les cartes de la CMU (Couverture Maladie Universelle) pour chaque élève dans cette école. Les nouveaux se font photographier et prennent une carte. Pour les autres il suffit de renouveler le contrat de l’an dernier, et de payer l’adhésion de 1000 F CFA. De nombreux témoignages de parents nous disent leur sympathie quant à cette action qui permet aux élèves d’être soignés et de moins manquer l’école.
Le poulailler. Il n’a pas débuté, faute de moyens. Nous décidons un microcrédit qui permettra la gestion du poulailler. Ce crédit sera remboursé en mars si la situation financière de la gestion des volailles le permet.
Nous renouvelons aussi toutes les cartes de la CMU à l’école élémentaire de Keur Sette Diakhou (Ecole qui manque d’effectifs face à la dara : école coranique. Plus de cent élèves échappent à l’enseignement public et n’apprennent que le CORAN). Nous en faisons de même, non sans difficultés, au collège de Keur Sette qui subit lui aussi cette désertification.
La brocante : Nous la faisons cette fois à Keur Sountou. Elle ne dure que peu de temps (2 heures)car les vêtements proposés sont à de tous petits prix de 0.10 € à 1 € . C’est un moment joyeux, festif mais très bruyant ! Elle rapporte plus de 102 € que nous laissons pour la cantine. En mars, elle sera organisée à Keur Malobé au bénéfice de la cantine.
Ndienghène Keur Malobé
Commune de Porokhane, à quelques km de la Gambie
Voilà deux ans que nous avons commencé ce projet.
On est toujours dans la grande commune de Porokhane, à quelques km de la Gambie.
Les gens du village sont pauvres mais ils sont très organisés. Quatre ethnies se côtoient et notre grand souci a été de les laisser cohabiter sans soucis d’ingérence. Pour l’instant Kauri a même apporté une certaine sérénité. Tout se passe bien grâce aux femmes qui collaborent étroitement avec nous. Merci à elles que nous respectons beaucoup et qui ont toute notre amitié.
Pour mémoire, nous avons mis en place huit latrines dans l’école : 4 pour les filles et autant pour les garçons. L’entretien y est correct.
Nous avons construit une salle cantine : Cantine Beaujolaise, pour que les élèves aient un coin repas, (cantine construite grâce au cross de écoles et Collège de Beaujeu, Régnié, troupe de théâtre du Graal Beaujeu, Ecole de Taponas et de Jullié, Collège de Belleville, école Jean Macé de Belleville)
Nous avons financé une maison des enseignants. Elle comporte une pièce carrelée pour chaque maître qui habitaient auparavant dans le village dans des conditions difficiles. Cinq chambres y sont occupées par quatre maitres et une maitresse. La location des chambres des enseignants revient au financement de la cantine pour les élèves. Ce beau bâtiment appelé Mireille Badet a été inauguré le mercredi 27 novembre ainsi que tous les autres apports de Kauri : électrification de l’école par panneaux solaires, respect de l’environnement (arbres, poubelles, goutte à goutte pour les arbres), cantine, sanitaires, puits .
Grâce aux élèves français qui ont encore fait un cross solidaire, (Les mêmes écoles que celles citées plus haut mais avec le collège de Monsols, l’école de Propières et celle d’Aigueperse, nous avons pu financer un puits pour que les femmes de Keur Malobé fassent du maraîchage pour la cantine.
Nous avons régulièrement fait parvenir des photos avec l’avancement des travaux qui ont duré plus de 3 mois. Il est profond de 43 m. Il a été creusé à la main par trois hommes.
Ndiogou, directeur de l’école de Ndienghène, lors de son séjour en France avait vu la source du Mont St Rigaud et a donc décidé d’appeler le puits « Le Saint Rigaud » ! Ndienghène Keur Malobé avec sa cantine Beaujolaise et le puits St Rigaud est en train de devenir une banlieue de Beaujeu !
Merci encore à tous celles et ceux qui ont couru. Bravo pour leur solidarité car TOUS ensemble nous pouvons faire de belles choses.
Sensibilisation à l’environnement
De nombreux arbres ont été plantés dans la cour de l’école. Les élèves les arrosent et un système de goutte à goutte a été mis en place mais les bidons non lestés, s’envolent au moindre souffle de l’Harmattan. Nous décidons de faire faire des supports chez le métallier.
Dans la cour, en mars, nous avions constaté de nombreux déchets. Les enseignants collectent les papiers et autres. Ils les font brûler. Il reste encore de nombreux papiers qui volent ! Nous faisons faire des supports de poubelles métalliques avec une barre qui s’enfonce dans la terre. Nous équipons chacun d’entre eux d’un sac de riz usagé. Chaque classe possède maintenant ce type de poubelle devant sa porte.
Espérons que cela permettra de mieux respecter l’environnement.
L’inauguration :
Tôt le matin du 27 novembre les femmes ont commencé à faire ce qu’elles appellent des « bonbons ». En fait c’est une sorte de beignets confectionnés avec de la farine de mil et frits. D’autres grillent des arachides.
Vers 17 h c’est la grande fête au son des Djembés, des Sabars et des chants des Griots.
La correspondance scolaire
Cette année, nous avons ouvert un partenariat avec l’inspection de Belleville et celle de Tarare.
Nos interventions auprès des élèves ont été multiples et ont concerné :
Le collège de Beaujeu, l’école élémentaire de Beaujeu, l’école Jean Macé de Belleville (deux classes), l’école E. Herriot de Belleville (6 classes), le collège de Belleville (toutes les 6°), l’école de Régnié Durette, les écoles de Cublize (2 classes) et de Saint Jean la Bussière, les élèves de 5° du collège st Jo à St Didier sur Chalaronne (2 classes).
Nous apprenons à décliner un des termes de notre devise nationale un peu, parfois oublié : la fraternité.
Les élèves y sont attentifs et apprennent le partage.
Les lettres circulent et sont transportées par nos soins. C’est toujours un régal de voir les yeux brillants des élèves sénégalais qui veulent vite ouvrir l’enveloppe et en lire le contenu, qui demandent parfois de longues explications tant nos cultures sont différentes et respectables.
La tolérance est de mise dans ces moments-là.
L’école Nioro Darou Salam
Cette école a accepté de correspondre avec l’école E. Herriot de Belleville (6 classes). Nous nous rendons donc dans cette école et remettons les colis aux classes désignées. Nous allons alors saluer les autres enseignants et nous découvrons une classe de plus de 110 élèves ! avec 2 enseignants. Nous apprenons que les parents d’élèves, l’an dernier, avaient construit une classe en dur avec un toit en branchage et que pendant l’hivernage le toit s’est effondré. Nous visitons cette classe insalubre et constatons les dégâts. Le président des Parent d’élèves est là. Devant ce phénomène un peu hors du temps, nous demandons si un devis a été fait. On nous le présente : 400 000 FCFA que personne ne possède. Nous quittons l’école et réfléchissons. Nous y revenons et disons que KAURI paie pour cette toiture en zinc. La joie se met à régner. Le président esquisse quelque pas de danse en nous disant « Vous nous enlevez une épine du pied ! » Nous remettons la somme de 615 € et trois jours après nous trouvons le toit construit, un tableau peint et la salle en parfait état de fonctionnement. Les élèves sont revenus dans leur classe. La joie est immense certes pour nous mais aussi pour les élèves, les parents et les enseignants. Merci à l’école E. Herriot de nous avoir conduits dans cette école !
Le toit neuf
NIORO DU RIP
La bibliothèque de Nioro
Durant notre séjour, nous avons vu un lieu atypique de Nioro alors que nous passions devant très régulièrement et où nous étions entrés très rapidement en mars. Nous avons découvert la bibliothèque de NIORO du Rip. Un lieu assez restreint mais avec de nombreux ouvrages. Cette bibliothèque est animée par un enseignant bénévole que nous connaissons bien puisqu’il correspond depuis deux ans avec l’école de Régnié Durette. BOCAR. Un personnage complètement impliqué dans la lecture. Nous lui offrons un lecteur de CD, de K7 car Jean de livres nous avait confié quelques lectures d’œuvres pour non-voyants. Nous lui proposons pour attirer une clientèle de jeunes lecteurs de faire un coin ludothèque avec puzzles et jeux différents. Ça tombe bien nous en avons dans nos bagages !
Il accepte et depuis notre retour il a ouvert cet espace ludique.
Les pompiers
Il nous reste quelques survêtements offerts par les pompiers de St Vincent de Reins. Nous en apportons régulièrement aux pompiers de Nioro qui interviennent dans les deux villages où nous avons nos projets. Ils sont à chaque fois très satisfaits. La visite est toujours très agréable. Leurs besoins en petit matériel concerne actuellement tout ce qui sert à immobiliser les blessés de la route lors de leurs interventions : minerves, attèles, coquilles, etc …
Si parmi nos lecteurs, quelqu’un en possède et peut les donner, nous les emmènerons la prochaine fois.
L’hôpital de Nioro
Nous obtenons un rendez-vous avec la médecin chef adjointe pour parler de l’opportunité de la construction d’un poste de santé à Ndienghène Keur Malobé. La discussion est très franche. Elle nous demande d’établir un dossier afin de pouvoir étudier si ce poste de santé répond à tous les critères fixés par le ministère de la santé. Nous le ferons avant notre prochain voyage en mars. Nous comptons sur l’aide de Ndiogou BA pour nous donner différents renseignements. Affaire à suivre …
Tout pendant nos séjours, nous visitons bien d’autres lieux et rencontrons bien d’autres personnes, que ce soit aux alentours de Nioro ou de Saly-Mbour, au Louma ( marché) de Nioro ou dans des régions éloignées, ce qui nous permet de connaitre de mieux en mieux ce pays et ses habitants.
Ndiogou nous a emmené dans le village, à SONKORONG, où il enseignait avant d’aller à Keur Malobé et là-bas, on a constaté avec lui que l’école s’est vidée de la moitié de ses élèves depuis la fin du Programme d’Aide Alimentaire (PAM)! d’où l’importance d’associer Nourriture et Education.
A Nioro, nous avons visité ce qu’il reste du « Tata » de la ville. Un Tata est une maison forte, voir un petit fort. Pour nous, proches de Chasselay ( 69) , nous pensions qu’un Tata était un cimetière !
Dans le nord du Pays, au bord du fleuve Sénégal, nous avons appris que le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR) était intervenu dans les années 80 et 90 pour construire ou rénover des cases et des postes de santé, des écoles, des sanitaires et pour organiser la riziculture suite à l’afflux de réfugiés provenant de la Mauritanie.
Dans cette région, où nous étions venus pour voir ce qu’il reste des comptoirs de la fin du 19° siècle, nous avons découvert une ancienne mosquée construite en « banco » : modeste, simple d’architecture, une merveille !
Dernière petite anecdote : nous avons compté les quantités d’eau que nous buvons au cours d’un séjour et pour ce mois de Novembre, nous avons acheté 26 bonbonnes de 10 litres et 2 packs de bouteilles soit 270 à 280 litres d’eau minérale que nous avons bue à trois en 29 jours !!
Fait à St Mamert le 15.12.2019
Roland et Marie-Paule
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